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Najjar Hassen


240894 : Najjar Hassen


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Tunisien originaire de l’île de Djerba où j’exerce le métier d’instituteur, j’achève actuellement une thèse de doctorat en Histoire contemporaine. J’ai commencé l’écriture de Romans il y a un peu plus d’un an, et Le Royaume de la Liberté est donc ma première publication. Un second texte en langue arabe, Chambre 17, est aujourd’hui en cours de révision. L’inspiration est au rendez-vous.
Mon intime souhait ? Suivre les traces du romancier Syrien, Hanna Mina, qui lui aussi à commencé l’écriture après quarante ans pour ne plus jamais la lâcher.
Mes romans de référence ? Ceux de Mikhaiel Noayma, Taha Hussein, Tauofik el Hakim, Najib Mahfoudh …
Mes genres et thèmes d’écriture ? Des fictions à la fois symboliques et philosophiques, qui combinent mythes et réalité, mais dont l’humain et ses questionnements restent le centre.
Le Royaume de la Liberté nous parle à la fois de “réveil”, d’éveil, de prise de conscience, de prise en main de notre destin, d’indispensable révolution intérieure. Le thème de la solitude revient souvent. Dans quelle circonstance vous est venue l’idée de cette histoire ?
En 2018, les besoins de ma thèse m’ont contraint à quitter Djerba et ma famille (mon épouse et mes quatre fils), pour m’installer seul à Tunis, dans une petite maison à Bab Mnara, un quartier de la vieille ville. Loin des miens, cette vie silencieuse et solitaire m’a alors ouvert les yeux sur une autre réalité de la société. Et une nuit, j’ai ressenti le prégnant besoin d’écrire sur cette transformation sociale à laquelle mon isolement me soumettait. C’est ainsi qu’est né Le Royaume de la Liberté, roman dont j’avais adressé le début au célèbre écrivain égyptien ALA EL ASWANI, pour avoir son avis. Il m’a encouragé à persévérer.
Le Royaume de la Liberté évoque une société moralement malade et qui finit par le devenir physiquement, puisqu’à la fin de l’histoire les misérables villageois de Bani Hajar sont décimés par une mystérieuse épidémie. Comment cette idée vous est-elle venue à l’époque ?
Il arrive parfois que l’inspiration d'un écrivain ou celle d'un poète confine à une forme de prédiction. Dans mon roman, l'épidémie symbolise l’infime part de l’humanité qui, par pure cupidité, semble s’acharner à mettre l’espèce humaine en danger. Mais à travers cette histoire, j’ai voulu également pointer les carences institutionnelles d’un système incapable d’éradiquer l'injustice et la corruption.
Je n’ai bien sûr pas la prétention d’avoir pressenti l’actuelle pandémie qui nous accable. Toujours est-il que, dans un moment de forte inspiration, je me suis retrouvé à aligner les mots décrivant l'épidémie qui frappe le village de Bani Hajar, village dont la population symbolise presque en tous points l’incurie de la société en général.
Salem, le héros de votre histoire part à la reconquête de son âme perdue. Perdre ou retrouver son âme, qu’est-ce que cela signifie dans Le Royaume de la Liberté ?
À l’instar de ses contemporains, Salem a cédé aux croyances toxiques et aux diktats de l'autorité dirigeante. Cela a fait de lui un être vide et faible. Il doit se révolter intérieurement contre ces dogmes et postulats pour retrouver ses véritables identité et dimension humaine. Il doit tout remettre en question autour de lui, chercher et oser, jusqu'à pouvoir se libérer pour atteindre un bonheur spirituel.
À mon sens, l’homme actuel ne pourra se retrouver qu'au prix d’une recherche assidue, en lisant et en se posant les bonnes questions. Et cela sans avoir peur de défier les croyances que tout un système a ancrées en lui.
Que nous dit Le Royaume de la Liberté sur l’époque que nous traversons ?
L'épidémie est une épreuve à laquelle l’homme a dû plusieurs fois faire face dans son histoire. Dans mon livre, l’épidémie a été fabriquée de toutes pièces par un groupe de personnes malsaines et peu inspirées. Résultat : toute la communauté porte la responsabilité du cataclysme, même les plus faibles ou les plus humbles, car aucun n’a réagi à temps contre ces malveillants. Personne ne s’est révolté. Tous se sont laissés submerger par leurs contingences quotidiennes et leurs dérisoires satisfactions personnelles.
L’épidémie du Royaume de la liberté n’est ni une fatalité ni une punition divine, mais le résultat d’un laisser-faire. Les habitants de Bani Hajar ont détourné la tête ; seul Salem répond à l’appel de son “âme” et sacrifie le relatif confort de son quotidien pour rattraper son humanité perdue. Mais à l’origine, Salem n’a rien d’un personnage héroïque. Il est seulement un homme parmi d’autres, noyé dans le peuple.
Un autre acteur clé du roman est Sirin (la fiancée de Salem), l’infirmière du dispensaire local. Une personnalité particulièrement forte qui donne en priorité la parole à son cœur, montrant ainsi que la solidarité et le dévouement spontanés sont des voies naturelles d’accès à l’humanité.
Comment vivez-vous ce temps présent à Djerba ?
Comme la plupart, nous nous attendons au pire. Nous devons aujourd’hui supporter les effets secondaires d’une révolution avortée, ce qui signifie pour le peuple une misère aggravée.
Personnellement, je crois en Dieu et aussi en la capacité de l'humanité à surmonter tous les dangers existentiels qui l’affligent. Mais l’humanité doit aussi savoir tirer les leçons de l'histoire.

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