L’objectif de frugalisme.info est de susciter une réflexion pour établir un plan B permettant de sortir du cycle infernal métro-boulot-dodo-conso. Ou, a minima, de vous offrir une liberté de choix (vous n’aurez pas la même approche de négociation avec votre responsable hiérarchique si vous avez atteint « l’indépendance financière »).
Le frugalisme consiste à adopter un mode de vie sobre et à « mettre de l’argent de côté » afin de pouvoir choisir de travailler moins tout en vivant mieux. Il peut prendre la forme d’une retraite anticipée, voire très précoce (à la trentaine).
Pourquoi devenir frugaliste ?
Profiter du temps compte certainement parmi les objectifs principaux du frugalisme. En particulier, jouir de « temps choisis » permet de profiter des meilleures années de sa vie plutôt que de s’échiner dans la “rat-race“. D’autant que l’âge légal de la retraite est amené à augmenter alors que l’espérance de vie en bonne santé ne suit pas nécessairement cette évolution : elle est de 64,1 chez les femmes et de 62,7 ans pour les hommes, soit proche de l’âge de départ à la retraite…
Gagner en liberté, c’est très bien ; mais alors que faire du temps libéré ? Il sera opportun de donner du sens et du contenu. Réaliser un projet personnel déjà pensé ou à construire dans le temps.
Le mode de vie que cela implique rejoint d’autres motivations comme la préservation de l’environnement et le rejet du couple travailleur-(sur)consommateur.
Quelles sont les contraintes ?
Ce mode de vie peut apparaitre austère au premier abord car il nécessite une vie sobre. La sobriété peut être heureuse. D’autant plus si elle est libératrice – en permettant de rompre avec la société de consommation – et volontairement consentie. De plus, si vous avez pris tôt l’habitude d’une vie simple, cela ne sera pas perçu comme une contrainte. Bien sûr, il n’est pas évident pour tout le monde de conserver un mode de vie d’étudiant. Mais de petites améliorations progressives (comme par exemple passer du camping à l’hôtel et augmenter d’une étoile tous les 10 ans) vous permettront de bien vivre votre chemin vers le frugalisme. L’essentiel sera de « vivre en dessous de ses moyens » durant la phase préparatoire.
Comment devenir frugaliste ?
Comprimer ses dépenses en éliminant le superflu
La démarche peut être décomposée en deux phases : le chemin vers l’objectif (phase d’épargne) et, une fois l’objectif atteint, la situation du frugalisme (période de retraite anticipée ou simplement de break).
Durant ces deux phases, vous devrez réduire vos dépenses de manière drastique. Pour cela, il conviendra de passer au crible toutes vos dépenses, sans tabou : logement, voiture, loisirs. Commencer par supprimer les dépenses inutiles, en particulier celles qui sont récurrentes (abonnements, boire au café en bas de chez soi). Pour les dépenses nécessaires ou qui vous tiennent particulièrement à cœur, essayer de réduire les coûts tout en maintenant la qualité (exemple : changer d’assurance).
Maximiser ses revenus et optimiser ses placements
Durant votre parcours initial, il faudra maximiser vos revenus. Donc, a priori, « investir » dans votre formation dès le plus jeune âge et opter pour la formation continue.
En situation de frugalisme, il faudra gérer au mieux le capital que vous aurez constitué pour générer un revenu. Certains le nomment « revenu passif » mais sa gestion nécessite du temps et également un investissement en formation. D’autant qu’aujourd’hui, dégager un revenu de ses placements nécessite de prendre des risques.
Plutôt qu’un basculement brutal, une progressivité pourra être recherchée : travail à temps partiel dans un premier temps (même si cela a pour effet de retarder un peu l’atteinte de votre objectif).
Ce qui prendra du temps et nécessitera un désapprentissage de principes érigés en valeurs éthiques comme la valeur travail inculquée depuis l’enfance et solidement ancrée. Ce décentrage qui constitue un véritable changement de repères peut prendre du temps, pour soi comme pour son entourage. Des lectures pourront vous aider à « détricoter » ces croyances.
Accepter et apprécier les périodes d’oisiveté, qui peuvent d’ailleurs s’avérer fertiles pour penser vos projets.
Quand peut-on considérer que l’objectif est atteint ?
Sur le plan matériel, le critère peut être le suivant : si vous parvenez à cumuler un capital qui représente 25 fois vos dépenses annuelles (projetées comme frugaliste), alors vous touchez au but. Cela revient à « vivre de ses rentes » sous réserve de tirer des ses placements un revenu de 4%. Dans le contexte économique et financier actuel, cela nécessite toutefois une prise de risques certaine.
Objectif atteint ? Faites vos comptes !
Par exemple, si vous estimez que vos dépenses s’élèveront à 2000 € par mois, il vous faudra disposer d’un capital de 600 000 € (c’est un ordre de grandeur qui devra être affiné en tenant compte de l’inflation et d’autres paramètres comme la fiscalité).
Sur le plan psychologique, il faut être mûr pour réduire son activité rémunérée voire quitter son travail, ce qui implique également une prise de risques pour soi et sa famille.
Une fois ces conditions réunies, cela sera votre kairos (temps du moment opportun) frugaliste. A vous de ne pas le laisser échapper !
Pour qui ?
Le frugalisme est plus accessible matériellement qu’on ne le pense. La condition essentielle est de maintenir un revenu supérieur à ses dépenses et ainsi de maintenir un taux d’épargne (très) supérieur à la moyenne (qui s’établit autour de 15 % en France). Il est évident que le chemin sera plus rapide si vous exercez une profession avec un taux horaire élevé. D’autres professions, à taux horaires moins élevés, permettent toutefois de multiplier les heures, mais cela implique des contraintes.
Du point de vue des « valeurs » : accorder plus de valeur au temps (grandeur physique mesurable) qu’à l’argent (création humaine reposant sur la confiance).
Si vous êtes convaincus par le frugalisme, votre intérêt est de vous lancer le plus tôt possible !